Obésité: les géants de l`alimentation font la sourde oreille
- By : Adeline
- Category : Uncategorized

Les multinationales de l`alimentation, dont plusieurs ont pignon sur rue au Québec, peinent à mettre les bonnes habitudes alimentaires et la santé dans leur assiette et dans celle de leurs nombreux consommateurs. Dans l`ensemble, ces géants semblent même se ficher carrément de la montée en flèche des maladies liées à l`inactivité et à l`alimentation… sauf lorsqu`elles sont publiquement montrées du doigt, conclut une équipe de chercheurs britanniques en politiques alimentaires de la City University, à Londres, dans un rapport rendu public mardi.
«Le portrait est inquiétant», lance à l`autre bout du fil Tim Lang, professeur au département de gestion de la santé et des politiques alimentaires, qui, avec ses collègues Geof Rayner et Elizabeth Kaelin, vient de compléter l`analyse des pratiques et des engagements des 25 plus grandes multinationales de l`alimentation, de la distribution et de la restauration en matière de nutrition, de santé et d`activité physique.
Coca-Cola, Danone, Kraft, Nestlé, Pepsi Co., Unilever, Wal-Mart, Burger King, McDonald`s et Sodexho font partie du lot.
L`objectif de cette recherche consistait à mesurer dans ces entreprises transnationales le degré de mise en application des recommandations faites par l`Organisation mondiale de la santé (OMS) en mai 2004 pour «réduire le fardeau futur des maladies non transmissibles».
En présentant à cette époque sa Stratégie mondiale pour l`alimentation, l`exercice physique et la santé, l`OMS a en effet directement interpellé l`industrie agroalimentaire afin qu`elle modifie autant le contenu de ses produits que ses stratégies de mise en marché, histoire d`inverser la courbe de croissance de ces maladies. En 2001, «60 des 56 millions de décès annuels et 46 de la charge de morbidité mondiale» leur étaient en effet attribués, peut-on lire dans les premières pages de cette stratégie.
La limitation des teneurs en gras saturés, en gras trans, en sucre et en sel dans les produits existants, la création de nouveaux produits plus sains, l`adoption de pratiques commerciales responsables et l`aide à l`élaboration de programmes d`exercice physique forment une partie des recommandations de l`organisme international.
Or, près de deux ans après l`adoption de cette stratégie, les «puissantes entreprises alimentaires» semblent toujours faire la sourde oreille, constate M. Lang. «Bien sûr, personne ne s`attendait à ce qu`elles réagissent en une seule nuit à travers le monde», a-t-il expliqué lors d`un entretien téléphonique avec Le Devoir hier. «Mais aujourd`hui, on pourrait s`attendre à plus.»
L`analyse du professeur Lang révèle en effet qu`à peine six des 25 multinationales relevées ont remis à un des membres de leur conseil d`administration les questions relatives à la santé et à la nutrition. Elles ne sont aussi que cinq à avoir pris des mesures pour réduire la teneur en sucre de leurs aliments et huit à avoir fait de même pour les gras trans. Dans ce contexte, la lutte contre le sel paraît davantage les motiver puisque dix de ces entreprises ont pris des mesures pour en diminuer la présence dans leurs créations culinaires ou dans les produits qu`elles mettent en marché.